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  • Photo du rédacteurStefan Chapel

Monnaies et numismatiques: quelle est la marge brute des intermédiaires professionnels

Dernière mise à jour : 18 oct. 2018

La marge captée par les professionnels de la monnaie, des métaux précieux et autre numismatiques est un sujet fort intéressant, et particulièrement complexe.


Ce secteur est souvent très peu margé (comparé à d'autres distributeurs spécialisés de produits hauts de gamme), mais avec des exceptions importantes.


La marge dépend de beaucoup de paramètres:


- Des produits proposés par le professionnel (lingots ? pièces de 2 euros ? pièces médiévales ? médailles fabriquées par lui-même, etc....)

- Des canaux de distribution utilisés (boutique locale, prescripteurs, boutique internet, Ebay, etc...)

- De son positionnement dans la chaîne de vente: importateur ? grossiste ? détaillant ? créateur de médailles ?

- Du type de clients: petits ou gros investisseurs individuels ? petits ou gros collectionneurs ? institutionnels ?

- Du type de recrutement de ces clients: sur internet ? par de la publicité locale ? boite aux lettres ? magazines ou livres spécialisés ? la presse généraliste ?


Des exemples et des ordres de grandeurs:


- Un importateur "grossiste" (même si la plupart de leurs clients en nombre sont probablement des particuliers) fortement présent sur internet fait de l'ordre de 2-5% de marge brute sur des produits récents ou "benchmarks" (Panda/Maple Leaf/Silver Eagle de l'année, Napoléon 20F or, Krugerrands, etc...). Leur business consiste à être référencés aux différentes Mints de la planète (ce qui nécessite en général d'avoir un haut niveau de ventes et d'achats sur ces pièces), de leur acheter ces pièces en grosses quantités lors de leur émission (marché que je qualifierai de "primaire"), de préparer toutes les formalités douanières nécessaires, de les réceptionner, les stocker, puis de les revendre aux boutiques détaillantes, ou directement aux investisseurs/collectionneurs via internet en général. Le CA de ces sociétés est très important puisqu'elles alimentent en pièces neuves les marchés nationaux (plusieurs millions EUR voire plusieurs dizaines de mEUR) mais la marge brute / valeur ajoutée extrêmement faible. Sur cette activité primaire le stock de pièces tourne très vite: souvent vendues avant même de les avoir réceptionnées, ou vendues quelques jours/semaines plus tard, rarement plus, sauf quand le marché a quasi fini d'absorber les pièces émises, auquel cas on tombe dans le deuxième cas ci-dessous


- Ces importateurs grossistes en général vendent également certaines des pièces émises plusieurs années auparavant par les Mint - marché que j'appelle "secondaire" - mais en général ne sont pas exhaustifs (ils ont des trous très importants dans les séries), soit parce qu'ils ont conservé un stock plus ou moins intentionnellement (ils peuvent être restés collés avec beaucoup de pièces invendues à la fin de l'année d'émission par exemple). Sur ces pièces conservées quelques mois/ années (ou rachetées à des sociétés similaires, ou à des particuliers qui les revendent), les marges sont beaucoup plus substantielles. Environ 10-20% pour les pièces pas trop anciennes (ou les pièces en or non benchmark de toutes dates), 20-40% pour les pièces en argent de plus de 5-10 ans et qui sont devenues plutôt rares sur le marché. Le revers de la médaille pour les professionnels est que les pièces peuvent rester très longtemps en stock avant d'être vendues, et peser sur leur trésorerie. Et le chiffres d'affaire sur ces pièces semi-anciennes est beaucoup plus faible que sur le flux "benchmark" ou émissions de l'année.


- Les marges précédemment citées sont également celles pratiquées par les boutiques de numismatique sur les pièces qu'ils vendent eux-mêmes (en général les pièces anciennes, voire très anciennes, ou plus récentes mais qui sont de vraies raretés, et plus rarement des pièces quasi benchmark - des simples napoléons par exemples, sur des années et des villes de frappe non rares, et de qualité TTB ou TTB+ dont la prime numismatique théorique est très faible, mais qu'ils parviennent à valoriser très correctement). Ce qui ne semble pas exagéré vu l'expertise forte qu'ils sont obligés de posséder pour coter et expertiser les milliers de type de pièce émises depuis l'antiquité, et le risque qu'ils portent à stocker ces pièces avant de réussir souvent des mois/trimestres plus tard à revendre.


- Certaines entreprises font des marges encore plus substantielles. Notamment celles qui arrivent à recruter des clients novices dans le monde des monnaies, et qui parviennent à leur vendre, par exemple par correspondance, des pièces pourtant très connues et non rares le double ou triple de leur prix, et leur vendre des produits qu'ils ont eux-même fabriqués (aussi appelés "Médailles")


- Lorsqu'un collectionneur revend ses pièces à un professionnel, il faut absolument qu'il ait une bonne idée du prix de ses pièces, car dans le cas contraire il risque réellement de se voir proposer un prix beaucoup trop bas. Il faut cependant mentionner le fait (très important) que les livres benchmark de prix de pièces du type Gadoury ou WORLD COINS indiquent des prix de vente par les professionnels sans décote ou promotion particulière, c'est à dire un prix maximum qu'il réussiront probablement à réaliser qu'après des trimestres ou années de conservation. Bref, il est peu probable (hormis des pièces à prime très limitées) que le professionnel les rachète à ce prix là, mais compter plutot 20-30% en dessous. Pour les pièces "bullion" à prime très limitée au dessus du prix du métal précieux, la décote sera beaucoup plus faible.


- Pour mémoire un site comme Ebay prend 8% de frais sur les ventes, et un site comme Amazon environ 20%: ces sites gagnent à "tous les coups", sachant qu'ils ne gèrent pratiquement que leur système d'information. Alors que le professionnels doit insérer chaque article, y mettre des photos, un texte d'explication, gérer l'envoi de la marchandise, etc..., pour un niveau de marge propre souvent moindre. Ces sites sont cependant très intéressants pour le collectionneur qui cherche des pièces rares, ou également tout simplement qui n'achète qu'une pièce de temps en temps, car les frais de livraison par pièce sont en général assez faibles comparés au sites de vente en ligne (qui visent des commandes client plus importantes en nombre de pièces)


Bref, hormis quelques professionnels peu scrupuleux, l'essentiel du marché de la monnaie et des pièces en métaux précieux vit avec des marges assez contenues.


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